En 2002, l'Institut national de Prévention et d’Éducation pour la Santé (INPES, ayant aujourd'hui fusionné au sein de Santé publique France) avait déclenché une véritable panique prétendant avoir décelé, dans un produit de grande consommation, "des traces d'acide cyanhydrique, de mercure, d'acétone, et d’ammoniaque". Il s'agissait en réalité de la cigarette.
Certains fumeurs, conscients du caractère nocif de leur habitude, ne souhaitent pas pour autant arrêter de fumer. Dans ce cas, ils peuvent tenter de réduire l'impact de la consommation de tabac sur leur santé en choisissant une marque, ou un type d'inhalation, réputés moins toxiques.
Mais la toxicité des cigarettes varie-t-elle vraiment selon la marque et le type de cigarettes ?
Toxicité et marque de cigarettes
Des chercheurs de l’Université d’Alicante en Espagne ont analysé la fumée et les particules fines de différentes grandes marques de cigarettes. Les résultats montrent que :
- Si la teneur en produits toxiques varie selon les cigarettes, elles n'en sont pas moins toxiques.
- En effet, même les cigarettes pauvres en gourdon contiennent d'autres éléments extrêmement toxiques :
- l'isoprène, également utilisé pour fabriquer les pneus de voitures ou les gants en plastique,
- le toluène, solvant qu'on retrouve également dans la colle et la peinture,
- le crotonaldéhyde, qui entre dans la composition du butanol, utilisé également comme solvant pour la peinture, ou composant de certains parfums.
Cigarettes light : réellement moins toxiques ?
Pour réduire les risques liés à la consommation de tabac, certains fumeurs se mettent aux cigarettes dites "light", réputées moins toxiques.
Pourtant, de nombreuses études ont démontré que ces cigarettes contenaient les mêmes composés chimiques nocifs que les cigarettes traditionnelles.
La sensation "light" est, en réalité, uniquement due à la présence de petits trous sur le filtre, qui diluent la fumée et donnent l'impression de fumer moins.
Les personnes fumant des "light" ont même tendance à fumer davantage, ayant besoin de plus de cigarettes pour combler leur besoin en nicotine.
De plus, pour avoir l'impression de mieux satisfaire leurs besoins, ils ont tendance à tirer des bouffées plus longues et plus intenses :
- En faisant cela, ils exposent leurs alvéoles pulmonaires et leur petites bronches aux composés chimiques de leurs cigarettes.
- Ils ont donc plus de risques de développer des tumeurs pulmonaires graves.
Bon à savoir : les appellations "light", "légères" ou "mild" ("doux" en anglais) ont d'ailleurs été interdites en 2003.
Cigarettes roulées : une toxicité plus importante
L'idée que les cigarettes roulées seraient moins toxiques que les cigarettes normales est très répandue... et aussi complètement erronée.
En 1999, des chercheurs ont effectué des analyses sur 10 marques de tabac à rouler différentes.
Ils ont ainsi trouvé que le tabac à rouler contenait en réalité encore plus de composants toxiques que les cigarettes dites "industrielles".
Plus riche en nicotine, il contient également davantage de goudron.
En outre, les cigarettes roulées s'éteignent souvent :
- Or, une combustion incomplète est plus nocive encore qu'une combustion totale.
- En effet, les combustions partielles dégagent davantage de monoxyde de carbone, gaz pouvant être toxique, voire mortel à trop haute dose.
Cigarettes mentholées : moins toxiques ?
Une autre erreur est d'opter pour les cigarettes mentholées. Leur goût plus frais peut donner l'impression qu'elles abîment moins les poumons. Erreur ! Elles sont peut-être même pires que les cigarettes traditionnelles.
Comme pour les cigarettes "light", les fumeurs de cigarettes mentholées aspirent plus longuement et plus profondément :
- Cela est d'autant plus vrai que, pour les mentholées, le besoin en nicotine s'accompagne de la recherche d'un goût agréable.
- De même que pour les cigarettes light, ces longues bouffées amènent la fumée à pénétrer plus profondément dans les poumons, provoquant des risques de cancers très difficiles à traiter.
En outre, des études ont montré que, par rapport aux fumeurs de cigarettes traditionnelles, les fumeurs de cigarettes mentholées :
- ont une fréquence cardiaque plus élevée ;
- ont une pression artérielle plus importante, pouvant causer des infarctus ;
- ont des artères plus rigides, ce qui aggrave encore la pression artérielle.
Enfin, il semblerait que le sevrage tabagique soit plus difficile pour les fumeurs de cigarettes mentholées :
- Le menthol rend les cigarettes plus agréables au goût et masque les effets irritants de la fumée. Les fumeurs de mentholées sont donc moins enclins à chercher à se sevrer.
- En outre, le menthol diminue le métabolisme de la nicotine par l'organisme, ce qui signifie que le taux de nicotine dans l'organisme reste élevé plus longtemps.
- Ainsi, la dépendance à la nicotine des fumeurs de mentholée est plus élevée.
Cigarettes sans tabac : une fumée nocive
Il existe des cigarettes sans tabac, censées aider à réduire les besoins en nicotine.
Si elles ne contiennent pas de nicotine, leur fumée inhalée reste nocive :
- En effet, elles contiennent autant d'additifs que les cigarettes avec tabac.
- Or, les additifs créent également une dépendance.
- De plus, ils sont aussi cancérigènes que le tabac, voire plus !
En outre, comme souvent, les fumeurs de cigarettes sans tabac prennent de plus grandes inhalations :
- Ils espèrent ainsi trouver de la nicotine, qui est pourtant absente des cigarettes.
- En faisant cela, ils augmentent les risques de cancer, car la fumée entre plus profondément dans leurs poumons.
Autres formes d'inhalation : comparaison de la toxicité
Là encore la réponse ne réconfortera pas les fumeurs : il n'y a aucune différence entre une cigarette, une pipe, un cigare, la chicha, etc. Toute forme d'inhalation de tabac est nocive pour la santé.
Pipe ou cigare ? Ni l'un ni l'autre
Ce n'est pas parce que les chercheurs ont pendant longtemps exclus de leurs études la pipe ou le cigare qu'ils sont à recommander.
Dans les deux cas, le fumeur n'inhale pas la fumée, il la garde dans la bouche.
Pourtant l’absorption de nicotine se fait tout de même, par les muqueuses buccales.
Ainsi, les risques d'addiction à la nicotine sont exactement les mêmes qu'avec la cigarette.
De plus, les risques de cancer ne sont pas inférieurs à ceux auxquels s'exposent les fumeurs de cigarettes. Par rapport aux non-fumeurs, les fumeurs de pipe et de cigare :
- ont 5 fois plus de chances de développer un cancer du poumon ;
- ont 4 fois plus de chances de développer un cancer de la gorge.
En effet, s'ils n'avalent pas la fumée, ils la respirent forcément par le nez... Et la fumée des cigares et des pipes est plus épaisse que la fumée des cigarettes.
Bon à savoir : un seul cigare de 7 à 21 g contient autant de tabac que 9 à 26 cigarettes.
Narguilé et chicha : pire que la cigarette ?
Contrairement à ce que l'on peut penser, l'eau du vase du narguilé ne filtre pas les substances nocives de la fumée du tabac.
À vrai dire, l’eau refroidit la fumée et oblige une inhalation plus longue et plus profonde ce qui est toujours aussi mauvais pour la santé !
En outre, dans un mélange de tabac habituel pour narguilé (environ 10 g) :
- La quantité de goudron et de nicotine est aussi élevée que dans la fumée de cigarette.
- En revanche, le contenu en monoxyde de carbone et en métaux lourds est beaucoup plus important, le tabac étant brûlé à l’aide de charbon.
Cigarette électronique : peu de recul pour se prononcer
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il n'existe pas encore d'étude affirmant que la cigarette électronique n'est pas nocive pour la santé. Toutefois :
- Elle semble préférable aux cigarettes classiques, car le fumeur inhale moins de composants toxiques liés à la combustion du tabac, et notamment moins de monoxyde de carbone.
- Elle contient de la nicotine et entretient donc la dépendance des fumeurs.
- Si elle est conseillée aux fumeurs souhaitant réduire les risques de cancer, elle peut, au contraire, amener des non-fumeurs à devenir dépendants :
- Une consommation de nicotine, réputée pour son effet antidépresseur et coupe-faim, sans les effets toxiques associés à la cigarette, peut séduire.
- En outre, les arômes des cigarettes électroniques sont plus agréables que ceux des cigarettes et peuvent donc séduire les jeunes. En effet, les e-liquides peuvent comporter jusqu’à quinze substances aromatisantes, les plus fréquentes étant la vanilline, le maltol, les menthols et les esters aux odeurs fruitées. On retrouve également des sucres et édulcorants (glucose/fructose, sucralose), des acides utilisés dans les sels de nicotine et des extraits de plantes.
- Or, la nicotine n'est pas sans danger pour le cerveau, pouvant à long terme engendrer des troubles cognitifs et des troubles de l'humeur.
- Les liquides versés dans les cigarettes électroniques sont plus ou moins toxiques, suivant les marques.
- Les risques d'empoisonnement dus à une mauvaise manipulation (ingestion, absorption par la peau) sont réels.
Par ailleurs, une étude menée par l'University of Kansas School of Medicine indique que, bien que moins nocives que les cigarettes classiques, les cigarettes électroniques augmentent le risque d'attaques cardiaques de 56 %, celui d'AVC de 30 % et celui de troubles circulatoires de 44 % comparativement aux non-fumeurs. Elles augmenteraient même les risques de faire une dépression ou de souffrir de troubles de l'anxiété.
Source : M. Vindhyal, “Impact on Cardiovascular Outcomes among E-Cigarette Users: A review from National Health Interview Surveys” lors de la 68ème session scientifique de l’American College of Cardiology, mars 2019.
Néanmoins, l’Académie nationale de médecine souligne que la situation en France est bien différente de celle observée aux États-Unis. Ainsi, elle considère qu’en France, « les cigarettes électroniques relèvent de normes de qualité et de sécurité » et affirme que « la vaporette, moins dangereuse que la cigarette, aide à l’arrêt et à la diminution de la consommation de tabac. 700 000 fumeurs ont décroché grâce à elle ».
Mais au contraire, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) estime que les preuves sont « insuffisantes pour proposer les Seden [système électronique de délivrance de la nicotine] comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs » et que « les professionnels de santé qui accompagnent un fumeur dans une démarche de sevrage tabagique se doivent d’utiliser des traitements médicamenteux ou non ayant prouvé leur efficacité » (source : rapport du HCSP, 5 janvier 2022).
Bon à savoir : depuis le 1er octobre 2017 (décret n°2017-633 du 25 avril 2017), il est interdit de vapoter dans certains lieux publics (établissements scolaires et établissements destinés à l'accueil, à la formation et à l'hébergement des mineurs, moyens de transport collectif fermés, lieux de travail fermés et couverts à usage collectif).
Réussir son sevrage tabagique :
- L'arrêt du tabac passe par une prise de conscience des risques de celui-ci sur la santé. En les gardant toujours à l'esprit, l'ancien fumeur est plus enclin à persévérer dans sa démarche de sevrage.
- Beaucoup de fumeurs ont peur d'arrêter en raison de la prise de poids engendrée par le sevrage. Toutefois, ce risque n'est pas aussi important qu'on le croit et il existe des moyens de le prévenir. Fausse excuse, donc !
- Mieux que les modes alternatifs de consommation de tabac, les substituts nicotiniques peuvent, dans un premier temps, aider au sevrage.
- Envie d'essayer la cigarette électronique ? Pour tout savoir sur ce substitut au tabac, consultez notre page Cigarette électronique.